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3 questions à Gaspard Koenig

Publiée le 03 octobre 2018

Essayiste et romancier, Gaspard Koenig est normalien et agrégé de philosophie. Il est le fondateur du think-tank Génération Libre qui prône une vision émancipée de l’individu et défend l’idée de revenu universel.

​Il intervient auprès des étudiants de  SKEMA Business School en multiplex à Lille, Paris et Sophia sur les grands sujets de philosophie qui s’inscrivent dans le cadre du continuum mis en place par l’école pour les étudiants sortant de classes préparatoires. Ses cours sont abordés en coordination avec les autres enseignements clefs de première année du Programme Grande Ecole : Grands Enjeux Géopolitiques Contemporains et Grands Enjeux Economiques contemporains.


Voici les 3 grandes questions que nous avons souhaité lui soumettre

Libéralisme, politique sociale, propriété de soi sont vos sujets phares : comment définissez-vous le rapport qui unit l’individu à la société ?

L'histoire de l’état de nature racontée par les philosophes du XVIIIe siècle nous laisse encore croire que la société est là pour “unir” les individus. Notre organisation juridique et institutionnelle repose encore sur cette fiction depuis longtemps invalidée par l’anthropologie. D’où la tentation pour certains néolibéraux de nier tout rôle pour la société dans l’ordre politique, en ne considérant que l’Etat et les individus : “there is no such thing as society”, disait déjà Margaret Thatcher. Je défendrai une troisième thèse, inspirée des “left-libertarians” contemporains : le rôle de la société est de permettre aux individus de s’affranchir de celle-ci ! C’est dans cette dialectique que s’inscrit notre modernité. 

 

Philosophie dans les Grandes Ecoles : pourquoi un « retour des humanités » dans notre système éducatif actuellement ?

Les écoles de commerce se mettent aux sciences humaines, et les instituts de sciences politiques proposent désormais des parcours business : la distinction entre les différentes écoles est de plus en plus friable, si l’on met de côté les sciences dures. Cela témoigne de la présence grandissante de la technologie dans le monde du travail, évacuant les tâches les plus répétitives et donc les formations les plus techniques. En revanche, les entreprises sont de plus en plus à la recherche de têtes bien faites capables de prendre du recul et de garder un esprit critique. L’IA pourra bientôt remplacer les comptables mais les philosophes ont encore quelques bonnes décennies devant eux...

 

Quel rôle les écoles de management auront-elles à jouer en particulier dans la construction sociale de l’individu, selon vous ?  

Je vais vous décevoir mais je ne crois pas que l’éducation supérieure ait pour mission de former de bons citoyens. Au contraire : elle doit développer chez les étudiants la capacité de s'interroger, de contredire, de réfuter. Schumpeter expliquait que l’entrepreneur doit cultiver en lui un aspect antisocial et contrariant. Il lui faut savoir questionner les préjugés de son époque et s’en affranchir. Pour former des entrepreneurs, éduquez des rebelles !

 



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